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29-08-2021
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J'ai (virtuellement) rencontré Doug Lang (dit Duke Lang) grâce à Tom & Gail Watts de Caroline du Nord, qui m'ont un jour conseillé de porter mes oreilles vers la Coop Radio, située à Vancouver, et particulièrement les deux émissions de Doug Lang.
Chanceux que je suis, la "magie" d'Internet me permet d'écouter cette station sans être moi-même en Colombie Britannique, j'en ai donc profité sans hésiter et... je suis devenu accroc.
Poête, chanteur, auteur-compositeur Doug Lang a un vrai goût du partage et ses auditeurs en profitent.
Je ne connais pas tous les programmes de cette radio coopérative, mais je tâche autant que possible de ne pas manquer "Riverside Drive" et "Better Days" pilotées par Doug Lang.
Riverside Drive le mercredi 12:00 PST (Pacific) - 21:00 - 22:00 heure française.
Better Days : le samedi 07:00 - 09:00 PST (Pacific) - 13:00 - 15:00 heure française.
La première de ces deux émissions doit son nom à la rue de la municipalité de Moose Jaw dans laquelle notre homme a grandi, rue qui n'existe plus aujourd'hui. Grand conteur et poête devant l'Eternel, Doug mène son radio show comme diffusée d'un certain "Wakamow Bar" et franchement, on s'y croirait.
Annoncée comme "L'heure la plus rapide de la Country Music" l'émission du mercredi diffuse un savant mélange de musique country de bon goût avec un peu de bluegrass, dans des proportions différentes, notamment selon un éventuel thème choisi pour l'édition du jour.
Le samedi dans Better Days, le programme est plus Folk Music and Roots, Old Time et Bluegrass.
Laissez donc vos oreilles se poser sur un des podcast de cette page.
Il y a un plus et non des moindres. Pendant l'émission, Duke diffuse titres, photos des artistes et infos sur sa page Facebook sur laquelle vous pouvez commenter en direct, et les habitués ne s'en privent pas.
Née en 1975 CFRO, 100.5FM se présente comme une radio communautaire et productrice de podcasts innovante et à but non lucratif, se voulant la voix des sous représentés dans les médias grand public
Jam Hall : Doug Lang, en écoutant vos émissions et en vous suivant sur les réseaux sociaux, on comprend que vous aimez vraiment raconter des histoires, pourquoi ?
Doug Lang : J'ai grandi dans les prairies, près d'anciens qui contaient des histoires. Pas d'écrivain dans la famille, mais quand j'ai commencé à écrire histoires et chansons au début de l'adolescence, mon oncle Bill Lang m'a encouragé. Il avait compris quelque chose que nul autre dans ma famille au sens large n'avait compris. Plus tard, installé sur la côte ouest à Vancouver, je fus invité à participer à un Cercle de Conteurs Autochtones. Pendant les années ou je pris part à ce cercle hebdomadaire, j'ai bénéficié d'autres encouragements en la matière, de beaucoup de ces conteurs parmi les anciens.
JH: On peut vous voir plusieurs visages : poête, compositeur, musicien, chanteur, homme de radio… En oubliai-je ?
DL : Devenir père fut très important pour moi. J'ai travaillé pendant dix ans avec la jeunesse de la rue, peut-être le travail le plus difficile de ceux que j'ai fait. Je me suis aussi pas mal débrouillé en tant qu'entraîneur de baseball à un niveau mineur, et ai publié un livre, un manuel du coach intitulé "The Next Pitch". En 2000, j'ai été élu Baseball Coach des Jeunes du Canada, ce qui fut une agréable surprise.
JH: Maintenant, la question à l'impossible réponse. Parmi l'énorme quantité de chansons entendues dans votre vie, pourriez-vous en choisir seulement trois et nous dire pourquoi ?
DL: Il y en a bien trop. Et je pourrais en choisir d'autres demain. Ceci dit, en tant que compositeur, j'ai étudié le travail des autres. Je connaissais le travail de Leonard Cohen en tant que poête avant qu'il fasse des disques, il m'a particulièrement accroché pendant mon adolescence, quand il s'est tourné vers la chanson. Dylan, bien sûr, a toujours été intéressant. Woody Guthrie. Hank Williams. Buffy Sainte-Marie ont compté pour moi, comme Joni Mitchell... ces deux dernières nées aussi dans ma prairie natale. J'ai aussi apprécié les premières années de Gordon Lightfoot.
Des chansons que j'aime ? Seulement trois ? Je pourrais répondre différemment chaque semaine. "The Dutchman" de Michael Peter Smith, is a great one. "Suzanne" de Leonard Cohen’s, que j'ai connu d'abord en tant que poème, compte toujours beaucoup pour moi. Je pense que "Dark As A Dungeon" de Merle Travis, est un joyaux, la pure perfection. Je chantais autrefois la chanson "Universal Soldier" de Buffy Sainte-Marie’s, qui avait vraiment du sens pour moi pendant mes années d'activisme. La chanson "Girl on a Road" de Ferron, m'a fait frisonner quand je l'ai entendue pour la première fois. Quand j'ai déménagé pour Vancouver en 1979, Ferron m'a hébergé en attendant que je me trouve un appartement, je lui suis éternellement reconnaissant pour sa gentillesse. Tu vois, je ne peux tout simplement pas en choisir seulement trois.
JH: Comment avez-vous commencé en tant que musicien, puis en tant que professionnel ? Dites-nous en plus sur votre carrière en music, en solo ou en groupe.
DL : Quand ma famille a déménagé des prairies vers la côte ouest du Canada, mon père n'avait plus de professeur de guitare, et celle-ci m'est revenue. Une Silvertone avec une action trop haute, presque injouable. Mais j'ai appris, avec peine. Je jouais dans des cafés, des bars, puis fut engagé dans ma vingtaine pour jouer au Vancouver Folk Music Festival dans ma vingtaine, ce qui me donna une plus grande audience. J'ai partagé la scène et me suis lié d'amitié avec d'excellents artistes… Mimi Farina, Utah Phillips, Rosalie Sorrels, par exemple.
J'ai abandonné le business de la musique quand je suis devenu père en 1982. J'écrivais toujours des chansons, mais le show business ne m'intéressait plus. Trop de requins et de gens malhonnêtes. Un ami, Billy Mazappa, m'a interpellé je crois en 2002, disant qu'il mourrait triste si je ne faisais pas quelque chose de mes chansons. Alors j'ai travaillé dessus et en ai écrit quelques douzaines d'autres. Ses encouragements signifiaient beaucoup pour moi. Je me souviens avoir écrit 37 nouvelles chansons en 4 mois, pour des projets d'enregistrements. Environ un an plus tard, j'ai fait quelques démos d'albums pour le label Mazappa, enregistrées à Graveyard Sound, près du cimetière de Mountain View à Vancouver. Ces albums sont aujourd'hui épuisés, il y en avait quatre. Mais les encouragements de Billy m'avaient ramené dans le monde de la musique, du voyage, des tournées. Bonne période.
JH: Vous avez passé du temps en France, comment était-ce ?
DL: J'ai voyagé dans une bonne partie de l'Europe, vécu en Grèce un moment, deux fois à Paris, quelques semaines à Dijon. Aussi aux Pays Bas, en Belgique, Italie et plus tard en Norvège. J'ai joué au Royaume-Uni et en Irlande. J'ai écrit une chanson "La Rue des Blancs Manteaux", sur un saxophoniste sud Africain rencontré à Paris. C'est quelque part sur Youtube, une démo faite un peu à l'arrache pour un ami français. J'avais une voix terriblement fatiguée ce jour-là , mais bon.
JH: Qu'est-ce qui vous a amené à CKRO à Vancouver?
DL: En 1979, j'ai été invité dans le CFRO’s Vancouver Extract Show. Je m'en souviens encore car je ne retrouvais plus ma voiture après, j'atais nouveau à Vancouver. Ponctuellement, j'ai commencé à animer une émission jazz, en remplacement. Puis l'animateur attitré est parti travailler ailleurs et j'ai pris le relais du Jazz Forum pour plusieurs années. En Janvier 2001, j'ai changé pour une émission folk-roots, alors que je ravivais ma carrière et rencontrais beaucoup d'artistes folk, blues, country et roots. Je voulais un format pour partager leurs musiques. C'est là que "Better Days" a commencé.
C'est seulement récemment en 2020 que j'ai commencé "Riverside Drive", l'émission de musique Country. Riverside Drive est la rue de Moose Jaw dans laquelle j'ai grandi. Elle n'existe plus, le nom a changé, je m'en suis servi pour lui redonner vie.
JH: On voudrait vraiment en savoir plus sur le Wakamow Bar !
DL: Comme dit plus tôt, je suis un conteur, alors en commençant Riverside Drive, j'ai décidé d'inventer un bar dans la vallée de la Wakamow, en bordure sud de Moose Jaw, ma ville natale. Je fais comme si les émissions étaient en direct du Wakamow, ce fut une bonne idée. j'en étoffe parfois l'image, ajoutant des personnages, histoires, anecdotes, je m'amuse bien avec ça. C'est un rassemblement virtuel chaque semaine, avec des gens d'endroits divers dans le monde, ce qui est magique, pour une heure de bonne Country Music au Wakamow Bar & Grill.
JH: Comment décririez-vous vos deux émissions, Riverside Drive and Better Days?
DL: Riverside Drive est une émission de Musique Country, elle présente ce qui, à mon oreille, est de l'authentique Musique Country, pas les imitations qu'on retrouve dans les listes de hits aujourd'hui. J'y passe aussi du Bluegrass. Tout ce qui me sonne vrai. J'ai énormément de respect pour les artistes que j'écoutais en grandissant, même ceux que je n'appréciais pas alors en tant que gamin. C'est juste en moi, cette musique est en moi, j'ai besoin de l'extérioriser. Haha.
Better Days a déjà plus de 1 000 éditions aujourd'hui. J'adore la liberté qui m'y est accordée. Je peux diffuser n'importe quoi, comme je le sens. Des auteurs-compositeurs de Folk, Blues, Bluegrass, Country, un peu de Gospel, de Soul. J'alterne entre des nouveautés et des choses plus anciennes qui méritent une nouvelle oreille. Je rends hommage à des artistes que j'admire, des artistes que j'ai rencontrés, et je propose aussi au public de nouveaux artistes, des découvertes. C'est du travail, beaucoup de recherche, mais les plaisirs sont nombreux. On ne dépasse pas le millier d'émissions si on n'aime pas la musique qu'on partage. Better Days, c'est juste de l'amour pour la belle musique.
Article rédigé par Ti' Pierre
Video : Saskatchewan 1939 (Doug Lang).
Video : 61 North (Doug Lang).
Video : Summer Of St Augustine (Doug Lang).
Doug Lang : Magic Nights, Spoken-word segment from Doug Lang's radio show, "Better Days", aired on May 2nd, 2013.
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